Littéralement “celui qui regarde continument avec les yeux de la compassion”, Tchenrézi (tib : sPyan Ré gZigs) est très certainement le plus fameux des yidams du Vajrayana.
Car il incarne la dimension aimante propre aux bouddhas, et donc à l’esprit éveillé. Tous les grands personnages du Tibet, tant séculiers commes les anciens empereurs Songtsèn Gampo ou Trisong Détsèn, que spirituels comme les Dalaï Lamas ou les Karmapas, furent et sont toujours considérés comme étant des émanations de Tchenrézi. C’est-à-dire des êtres incarnant le prolongement, dans le monde ordinaire, de ce qui est le fond même de l’esprit éveillé et tourné vers autrui : la compassion absolue et spontanée.
De couleur blanche, l’attribut principal de Tchenrézi est le lotus, cette plante aquatique qui n’est jamais souillée par la vase d’où elle s’extrait. À l’image de Tchenrézi qui, bien que participant du monde ordinaire, n’est en rien marqué par les imperfections de celui-ci.
En tant que moteur de l’esprit d’éveil universel ou bodhicitta, la compassion forme, conjointement à la vacuité, la clef du Mahayana. Et dans le Vajrayana, véhicule du fruit et des moyens habiles, la pratique de Tchenrézi est de ce fait essentielle puisqu’elle est l’instant où, en quelques sortes, le méditant s’extrait du monde ordinaire pour se transposer dans la dimension de l’éveil et de son éclat naturel, la compassion.
De plus, la culture de la compassion dans la méditation de Tchenrézi portera ses fruits dans la vie de tous les jours, ce qui est indéniablement capital dans le monde que nous partageons.
Dès son arrivée en Occident dans les années 70, le très vénérable Kalou Rinpoché a insisté sur l’importance des méditations de Tchenrézi en les mettant aux programmes quotidiens des centres qu’il fonda, comme Kagyu Dzong et Dachang Vajradhara Ling.
Il y a deux aspects de Tchenrézi dont nous faisons les méditations. L’aspect dit « à un visage et quatre bras » se pratique au quotidien ou lors de sessions de week-end. Et celui dit “à 11 visages et 1000 bras” servant de support aux pratiques intensives de Nyoungné qui se font d’ordinaire sur un week-end entier, en deux périodes de 24h durant. Ces deux périodes étant entièrement dévolues à la méditation, le silence y sera de rigueur ainsi que l’abstinence de toute nourriture et boisson durant la seconde journée.