Les mahakalas, littéralement les grands-noirs, appartiennent à une catégorie de divinités tout à fait particulière du Vajrayana : les protecteurs de l’enseignement, ou Dharmapalas en sanscrit.
Autant dans cette voie du Vajrayana les lamas sont la source des bénédictions et les yidams celle des accomplissements, autant les dharmapalas symbolisent la source des activités éveillées du Bouddha. De ce fait, ils sont également appelés les protecteurs de sagesse primordiale.
En essence, ils sont donc vacuité et leur dynamisme est compassion. Et ce dynamisme de la nature ultime peut s’exprimer sous quatre biais distincts : pacification, accroissement, pouvoir et intensité. Là où les moyens paisibles et la seule raison ne sont plus suffisants ni adaptés à une situation, des moyens plus énergiques voire coercitifs peuvent être employés. C’est ce que l’on retrouve, encore une fois sur un plan uniquement symbolique, dans ces manifestations courroucées de l’esprit éveillé. À la manière en fait de la sévérité pouvant être exprimée, si les conditions s’y prêtent, par des parents vis-à-vis de leur jeune enfant et uniquement pour son bien.
Les différents aspects des mahakalas, « Bernakchèn, celui à la cape noire » (tib : Ber Nag Can), « Tchadroukpa, celui à 6 bras » (tib : Phyag Drug Pa), ou encore « Goeunkar, le blanc qui veille » (tib : mGon dKar) ont donc tous une genèse symbolique qui les rattache au Bouddha, ou à celui qui en personnifie la compassion pure et universelle, Avalokiteshvara ou Tchenrézi en tibétain (tib : sPyan Ras gZigs).
Dans le Vajrayana, les méditations et rituels de Mahakala sont ainsi très efficaces à la fois pour protéger une lignée de transmission spirituelle de toute forme de dégénérescence et le méditant des obstacles qu’il peut rencontrer durant ses méditations, mais également pour rassembler les circonstances favorables à la pratique du Dharma.