Il y a deux catégories de pratiques préliminaires : celles dites communes à toutes les écoles du Bouddhisme (Hinayana, Mahayana, Vajrayana) et celles dites spécifiques aux méditations du Vajrayana.
Elles consistent en une série d’exercices spirituels destinés à préparer le méditant avant même qu’il ne s’engage dans les méditations principales. Elles le préparent de deux façons complémentaires :
En tranchant en lui tous les présupposés fallacieux et obstacles qui, sans cela, viendraient inévitablement l’entraver ou le faire dévier de son dessein spirituel.
En faisant naître en lui toutes les qualités cardinales nécessaires à l’engagement spirituel : renonciation, persévérance, patience, attention, connaissance et autres vertus.
Les préliminaires communes sont appelées les « quatre réflexions qui nous détournent du cycle des existences ». Il s’agit pour le méditant de s’appuyer sur une argumentation précise enseignée par son maître spirituel afin qu’il puisse prendre conscience de sa situation de base :
La précieuse existence humaine :
immense opportunité que de pouvoir disposer, à cet instant, de ce support si difficile à obtenir, outil indispensable pour parvenir à la réalisation ultime. D’où l’urgence à ne pas gâcher cette situation unique.
L’impermanence et la mort :
incapacité de l’être à maintenir dans le temps cette existence humaine, de par la nature même de celle-ci. D’où l’urgence à l’utiliser judicieusement.
La causalité ou karma :
responsabilité de chacun dans la construction de son avenir et inéluctabilité des termes de celui-ci, la vertu engendrant le bonheur, et son contraire le malheur. D’où l’urgence à s’écarter de tout ce qui est source des tourments.
L’imperfection du cycle des existences :
impossibilité de trouver au sein du cycle des existences, depuis les mondes célestes jusqu’aux domaines infernaux, de lieux non marqués du sceau de la souffrance, effective ou larvée. D’où l’urgence à se défaire de toutes les formes d’étroitesse d’esprit nous maintenant dans l’enfermement de ce cycle.
Ce n’est qu’après avoir mené correctement ces quatre méditations analytiques que le pratiquant pourra passer aux étapes suivantes. Et dans le Vajrayana, il s’agira encore une fois de pratiques dites préparatoires, appelées les “quatre préliminaires aux méditations du Vajrayana” :
Refuge-Prosternations :
Le méditant s’imagine être en présence de l’ensemble de ceux vers qui l’on se tourne (ou en qui l’on prend refuge) dans le Vajrayana. Les Bouddhas, Dharmas (instructions), Sangha (congrégation), Lamas (enseignants), Yidams (divinités de méditation) et Dharmapalas (protecteurs) et leur rend hommage par le corps (prosternation), la parole (récitation), et l’esprit (visualisation). Le Vajrayana étant au sommet de l’ensemble pyramidal Hinayana-Mahayana-Vajrayana, l’engagement au développement de la vertu fondamentale du Mahayana, l’esprit d’éveil universel ou bodhicitta, est également exprimé durant cette 1ère préliminaire.
Méditation de Dordjé Sempa et récitation de son mantra à cent syllabes :
Le méditant s’imagine être en présence de Dordjé Sempa, celui qui symbolise le pouvoir purificateur du Bouddha. Dans ce cadre, il admet et dévoile ce qui jusqu’alors l’entrave dans sa quête de l’éveil, en particulier l’existence en son sein des deux voiles. Celui des perturbations, dû à ses agissements passés irréfléchis, et celui à la connaissance, dû à l’ignorance fondamentale entretenue jusqu’à ce jour. Pour que cet aveu ait du poids, le méditant doit y associer les quatre forces : contrition, résolution, refuge et remèdes. L’un de ces remèdes est la récitation du mantra à cent syllabes de Dordjé Sempa.
Offrande du Mandala de l’Univers :
Le méditant se rapproche de son maître spirituel en l’imaginant présent et entouré de tous les autres aspects du refuge (cf. 1ère préliminaire, Refuge-Prosternations). Dans ce cadre, il développe et fait l’offrande la plus somptueuse qu’il soit possible de concevoir : un univers, cent univers, des milliards d’univers chacun rempli de ce qui, symboliquement, est représentatif de la beauté, du pouvoir et des richesses, tant au sens propre qu’au sens figuré. Au-delà de son apparente complexité, cette pratique est d’une très grande profondeur car elle va, subtilement, permettre au méditant d’accumuler du savoir faire, destructeur du voile des perturbations et de la sagesse, destructeur du voile à la connaissance. Les moyens (générosité, éthique, patience, persévérance, méditation) et la connaissance (réalisation de la vacuité comme essence commune tant de celui qui donne, que de ce qui est donné et à qui cela est donné) sont ainsi ultimement réunis. Le Mahayana et le Vajrayana se rejoignent ici grâce à ce moyen habile permettant, en une pratique unique, l’exercice des Six Perfections, ou paramitas.
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Le Gourou Yoga :
A ce stade des préliminaires, le méditant est au plus près de son maître spirituel, son lama racine, qui est face à lui. Afin de s’affranchir de ce qui pourrait résulter du regard porté sur un aspect extérieur ordinaire, il apparaît sous la forme pure du bouddha primordial Vajradhara, le détenteur du vajra. Mais en essence il est le maître principal, entouré de ceux qui composent le refuge, et surtout de tous les autres maîtres de la lignée de transmission des instructions du Mahamudra, celles qui vont permettre au méditant d’être confronté et de reconnaître la nature de son esprit. Tous convergent vers lui, le Maître. Son esprit est le bouddha, sa parole est le dharma et son corps est la sangha. C’est lui qui, aidé par l’indispensable ferveur du pratiquant, va transmettre à celui-ci les quatre initiations : du vase, secrète, des deux sagesses (la parfaite et le primordiale), et la quatrième. Ouvrant respectivement à la réalisation de la non-obstruabilité de l’esprit, de sa clarté lumineuse, de sa vacuité et de la conjonction indissociable de ces trois. Et menant ainsi respectivement aux Quatre Corps du Bouddha : Corps de Manifestations (nirmanakaya), de Gloire (sambhogakaya), Absolu (dharmakaya) et Essentiel (svabhavikakaya). À l’instant final, lorsque le lama racine se fond en lumières qui s’absorbent dans le méditant, le Yoga (union avec le fond naturel de l’esprit) du Gourou (maître spirituel), est achevé.
Si le lama racine du méditant est le maître Kalou Rinpoché, cette pratique peut s’intituler le Gourou Yoga de Kalou Rinpoché.