Dans le Vajrayana, la vie d’un individu s’articule en plusieurs phases correspondant à des moments particuliers de son histoire.
Il y a ainsi 6 périodes : la vie, le rêve, la méditation, l’instant de la mort, le moment “où la Réalité s’élève” et celui “où le devenir se construit”. Les trois premières concernent de fait la vie, alors que les trois dernières sont du ressort de la mort.
À l’instant du décès, de multiples expériences intérieures se produisent conjointement à l’effondrement des composants du corps et à la résorption des énergies qui jusqu’alors sous-tendaient la vie. En particulier, l’agonisant se confronte à la claire lumière qui est en réalité la nature de son propre esprit. En dehors des yogis qui auront su, de leur vivant, se familiariser par leurs méditations à ce type d’expérience et qui parviennent à cet instant à se libérer par la reconnaissance de cette claire lumière, pour tous les autres il s’agit d’une épreuve provoquant effroi et perte de conscience.
Ensuite de quoi, le défunt pénètre dans le Bardo “où la Réalité s’élève”. C’est durant cette phase qu’il fait l’expérience d’une multitude de visions où lui apparaissent celles qui sont appelées les “Divinités du Bardo”. Au total, elles sont au nombre de 110 : les 42 à l’aspect paisible, les 10 “porteurs de science” et les 58 à l’aspect irrité. Où si l’on ne compte que les divinités paisibles et irrités, on parle alors des 100 “paisibles et irrités du Bardo”, ou Bardo Chitro (tib : Bar Do Zhi Khro) en tibétain.
Au terme de ces expériences, si la personne décédée n’a pas su provoquer le déclic intérieur qui lui aurait permis de réaliser la situation, elle entre alors dans l’ultime phase du Bardo : celle “où le devenir se construit” durant laquelle elle déambulera en quête d’une nouvelle renaissance.
La pratique du Bardo Chitro est en quelque sorte un apprentissage de la mort qui se fait du vivant du pratiquant afin qu’il puisse, le moment venu, ne pas succomber au relief fantasmagorique de ses hallucinations, mais plutôt y déceler l’expression de la nature pure de son esprit.
L’ensemble de ce processus est détaillé, avec force détails, dans l’ouvrage qui est intitulé “la Libération de l’État Intermédiaire par l’Écoute”, ou Bardo Teudreul, très connu en Occident sous le nom du “Livre des Morts Tibétain” dont il existe plusieurs traductions récentes en français.
